Mariage, Divorce, Remariage?

Que penser sur le sujet difficile du mariage, divorce et remariage? A l’heure ou le mariage n’a plus de valeur dans notre société, est-il permis de divorcer pour un chrétien? Et si un divorce a été prononcé, est-il possible de se remarier?

« Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. » Jacques 1/17

Cette déclaration biblique associée à notre expérience nous assurent que tout ce que Dieu fait est bon. Le mariage entre un homme et une femme est une bénédiction merveilleuse : « Celui qui trouve une femme trouve le bonheur; c’est une grâce qu’il obtient de l’Éternel. » (Proverbes 18/22).

Mais le cœur mauvais des hommes les empêche souvent de réaliser cette bénédiction : un mariage sur trois finit en divorce en Occident et un sur deux dans les grandes villes. En France, des milliers d’enfants proviennent d’un couple divorcé. Certains ont vu défiler plusieurs « pères », amants, beaux-pères dans leur famille appelée hypocritement « recomposée ». Le plus inquiétant, c’est que les divorces parmi les Protestants et les Évangéliques ne sont pas en nombre inférieur aux États-Unis, par exemple. Un sondage du Groupe de Recherches Barna (réalisé en 2001 auprès d’un échantillon de 7043 américains), a révélé que le taux de divorce chez les chrétiens dits « nés de nouveau » est identique à celui de la population générale (33%). Les théologiens qui ont analysé cette situation honteuse ont découvert deux raisons principales :

1°) l’idée poussée à l’extrême que le chrétien n’est plus sous la loi de Moïse mais sous la direction du Saint-Esprit, et qu’il peut donc être amené à divorcer quand il sent que son mariage ne marche plus ;

2°) l’influence de l’individualisme et de l’égoïsme qui font voir le mariage comme une relation qui doit me combler, et non comme un don de soi inconditionnel à l’autre.

Une triste mais flagrante illustration vient de la chanteuse Amy Grant, « la reine de la pop chrétienne », très populaire parmi les jeunes chrétiens. Après 16 ans de mariage et trois enfants, Amy Grant demanda le divorce. Elle se remaria avec un autre homme un an plus tard, avec qui elle entretenait une relation sentimentale depuis plusieurs années. Cet homme venait de quitter sa femme sans raison majeure, si ce n’est qu’il voulait changer de vie. Avant qu’elle ne demande le divorce, son mari et elle avaient consulté de nombreux conseillers chrétiens qui essayèrent de les réconcilier. Puis un jour elle mit fin à tout cela en déclarant : « Je crois et j’ai confiance que j’ai été déliée de ce mariage. Et j’affirme cela en sachant que la Bible dit que le cœur est tortueux… J’ai la plus grande paix possible et j’ai des sentiments inébranlables au sujet du chemin que je m’apprête à suivre » (source : CCM Magazine, Novembre 1999). Cette triste histoire illustre bien les faiblesses des chrétiens de notre époque : Amy et son nouveau mari n’ont pas fait leur choix de vie sur la base de la Parole de Dieu mais à partir de leurs sentiments. Ils avaient reçu des convictions chrétiennes de leurs parents, mais elles n’ont pas tenu face à des sentiments non maîtrisés. Ils ont mis leur bien-être, leurs émotions, leurs tentations avant leur conjoint, avant leurs enfants, avant leur Dieu.

Comment répondre à cette catastrophe morale et spirituelle qui empoisonne les familles chrétiennes et qui est un mauvais témoignage auprès du monde ? Je crois qu’il faut bien définir sa théologie du mariage et du divorce en dégageant les principes bibliques sans tordre les Écritures. C’est ce que nous voulons faire dans ce numéro d’Amour de la Vérité, même si nous sommes conscients de ne pas avoir épuisé la question dans ce seul article.

Premier principe

Le Mariage est une Union

Il semble que l’homme ait oublié le sens premier du mariage : l’union de deux êtres, un homme et une femme, pour s’accompagner et s’aimer toute la vie. Peu après la création de l’homme, en effet, Dieu avait déclaré : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. » (Genèse 2/18) Le mot hébreu ezer traduit par « aide » signifie aussi « secours » et il est souvent employé en référence à Dieu lui-même, notre suprême secours. La femme doit être une aide dans la vie de son mari, un secours, un soutien, un appui, un renfort, un collaborateur. Cette idée se retrouve dans cette magnifique parole de Dieu : « elle est ta compagne et la femme de ton alliance » (Malachie 2/14). Quant au mari, la parole de Dieu dit que l’homme « s’attachera à sa femme et les deux deviendront une seule chair » (Genèse 2/24). Littéralement, l’hébreu lit : « L’homme collera à sa femme ». Cela inclut à la fois l’union physique et l’union morale. Que le mariage soit célébré devant Dieu ou devant un magistrat civil, il est l’engagement solennel de deux êtres à rester attachés l’un à l’autre. Cette union doit être telle que les deux ne fassent plus qu’un. C’est là le but de l’union conjugale : devenir et rester un. L’unité du couple est donc à travailler perpétuellement ; tout ce qui peut la menacer, que cela vienne de l’extérieur (tentation d’infidélité, séparation physique prolongée, centre d’intérêt qui éloigne du conjoint) ou que cela vienne de l’intérieur (querelle, insoumission, division, égoïsme, orgueil) doit être combattu. Tout ce qui peut la fortifier (moments d’affection, culte familial, activités communes, etc.) doit être encouragé.

Être un ne signifie pas être identique, avoir les mêmes idées, les mêmes avis, les mêmes goûts en tout. Il doit y avoir un partage de goûts et d’idées minimum, évidemment, pour que la relation puisse fonctionner au départ, mais l’unité selon Dieu a cela d’extraordinaire qu’elle unit en un deux êtres différents. Il existe deux mots hébreux pour traduire « un »: yachid, qui signifie « un seul, un unique » et echad, adjectif numéral « un », qui exprime l’unité entre plusieurs. On retrouve ce mot en Genèse 1/5 quand il est dit qu’il y eut un premier jour, composé d’un soir et d’un matin. Cela nous fait penser à notre Dieu dont la trinité ne fait qu’un (Le shema en Deut.6/4 ne dit pas que Dieu est unique-yachid mais un-echad). L’homme et la femme sont complémentaires et dépendants l’un de l’autre, ils sont deux moitiés comme l’expression le dit. Deux personnes mariées qui vivent une vie indépendante de l’autre passent à côté de la bénédiction du mariage.

Pourquoi l’unité du couple est-elle fondamentale ? Parce que cette union témoigne de l’union voulue entre Dieu et l’homme, entre Christ et son Épouse (Ephésiens 5/31-32). Un couple uni donne au monde une idée de la relation entre Christ et ceux qui croient en lui. Warren Wiersbe, dans son commentaire sur Ephésiens Soyez Riche, écrit : « Paul fait référence à la création d’Ève et à la formation du premier foyer. Adam donna une partie de lui-même pour avoir une épouse, mais Christ s’est donné entièrement à la croix pour acquérir son Épouse. Dieu ouvrit le côté d’Adam mais l’homme pécheur perça le côté de Christ. »

Deuxième principe

Le Mariage est pour la Vie

Le Seigneur Jésus-Christ nous le rappelle clairement : « N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. » (Matthieu 19/4-6).

En rappelant la création du mariage au commencement de l’humanité, Jésus nous montre son but premier : unir un homme et une femme d’une façon profonde et permanente par la volonté de Dieu. Il nous montre aussi que le mariage est une institution de Dieu et non des hommes, et que l’homme ne doit pas rompre ce que Dieu a institué.

C’est le sens de l’engagement prononcé par les époux le jour de la bénédiction. Le mariage n’est pas un simple contrat que l’on peut résilier quand cela nous plaît, mais une union sacrée scellée par Dieu (même si la personne n’est pas croyante). Si un homme et une femme s’unissent avec pour arrière-pensée une éventuelle séparation, leur cœur n’est pas droit devant Dieu et leur mariage est en danger dès le départ. « Lorsqu’un homme fera un voeu à l’Éternel, ou un serment pour se lier par un engagement, il ne violera point sa parole, il agira selon tout ce qui est sorti de sa bouche. » (Nombres 30:2).

Sachant cela, nous devons tout faire pour qu’un mariage perdure et que cette union ne soit pas brisée. La repentance et la réconciliation sont donc à rechercher dans tous les cas avant d’envisager quoi que ce soit d’autre. Notre Dieu a la puissance de convaincre, de changer, d’humilier et de ramener les cœurs à l’obéissance afin que le couple demeure uni.

Le mariage s’arrête à la vie sur terre puisque le Seigneur Jésus nous explique que notre condition au ciel sera différente : « Les enfants de ce siècle prennent des femmes et des maris; mais ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris. Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection. » (Luc 20/34-36).

Troisième principe

Le Mariage chrétien est dans le Seigneur

« Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant; mais si le mari meurt, elle est libre de se marier avec qui elle veut; seulement, que ce soit dans le Seigneur. » (1 Corinthiens 7/39).

Cette expression exprime clairement le fait que le chrétien doit choisir un autre chrétien comme partenaire de vie. Cette vérité est confirmée au chapitre 6 de la deuxième lettre aux Corinthiens : « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Corinthiens 6/14), le terme infidèle étant en grec apistos qui signifie littéralement « incroyant, sans foi ».

Cela ne veut pas dire que n’importe quel chrétien conviendra. « Dans le Seigneur » signifie aussi « dans la volonté du Seigneur ». Il vaut toujours mieux prévenir que guérir ; le meilleur moyen d’éviter un divorce est de se marier dans les meilleures conditions possibles : – marcher avec Dieu – éprouver un amour profond pour celui qu’on veut épouser – épouser un chrétien qui marche avec Dieu et partage la même foi ; – épouser quelqu’un dont le caractère s’adapte au nôtre.

L’enseignement pré-conjugal est très important : les parents, l’église et le pasteur doivent préparer les fiancés au mariage afin qu’ils soient prêts à affronter les conflits, la gestion du foyer et les aléas de la vie. Cette formation doit être fondée sur la Bible et l’expérience et demeurer très pratique. Elle doit aussi prévenir les échecs en révélant aux candidats une éventuelle incompatibilité de caractère ou des divergences de vues inconciliables. Ce n’est pas parce que deux chrétiens « ressentent » de l’amour l’un envers l’autre qu’ils sont faits pour vivre ensemble.

Quatrième principe

Le divorce est permis dans certains cas

« Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère. » (Matthieu 5/32)

Le chrétien ne prend pas l’initiative du divorce

« A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari … et que le mari ne répudie point sa femme. » (1 Corinthiens 7:10-11)

Le mariage est une institution de Dieu, sainte et bénéfique quand elle est faite selon la volonté de Dieu. Le divorce est une invention humaine, mauvaise et néfaste, qui résulte du péché. Notre Dieu veut qu’un couple reste uni jusqu’à la mort de l’un d’entre eux, comme le Seigneur Jésus le rappelle. L’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a unit.

Par la grâce et le secours de Dieu (et des frères et sœurs en Christ) le chrétien peut affronter et supporter de graves difficultés conjugales sans quitter son conjoint. La femme fidèle cherche à gagner son mari loin de Dieu sans paroles (1Pierre 3/1) et le mari fidèle ne doit pas s’aigrir contre sa femme difficile (Colossiens 3/19).

L’infidélité, l’immoralité du conjoint.

Tenant compte des péchés des hommes, Dieu autorise le divorce dans le cas de l’infidélité d’un conjoint, qui rompt l’alliance et la confiance du couple (Matt. 5/32). Mais attention : autoriser ne veut pas dire encourager. S’il y a infidélité dans un couple, il peut aussi y avoir, par la grâce de Dieu, repentance, pardon et réconciliation. On peut comprendre que le conjoint trahi prenne du temps pour retrouver la confiance nécessaire au mariage, mais si le coupable se repent sincèrement, il doit lui pardonner et continuer la relation.

Dieu hait le divorce (Malachie 2/16) car il a institué le mariage pour la vie. Mais la trahison, l’infidélité et l’adultère brisent cette union sacrée. Le lien physique d’une seule chair est rompu quand une autre chair entre dans le tableau. Souvenons-nous de Joseph, homme de bien, qui, apprenant que Marie est enceinte, rompit immédiatement leur relation, quoique avec grâce. C’est en apprenant que l’enfant venait de Dieu qu’il consentit à reprendre Marie. Ce lien peut être rétabli s’il y a repentance du fautif et pardon de la victime. Mais il peut être rompu si l’immoralité persiste et entraîne de graves désordres (voir 1Cor 7/15).

D’un point de vue spirituel, l’Éternel a divorcé avec Israël du temps de Jérémie à cause de son infidélité : « J’ai répudié l’infidèle Israël à cause de tous ses adultères, et je lui ai donné sa lettre de divorce… » (Jérémie 3:8).

La répudiation que Malachie condamnait était particulière : les hommes renvoyaient leur épouse de jeunesse pour se tourner vers d’autres femmes plus attirantes à leur goût. Rien n’excuse pareil comportement. « L’Éternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, à laquelle tu es infidèle, bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance. » (Malachie 2:14)

La désertion du conjoint non croyant.

La désertion du conjoint non croyant qui ne veut pas partager sa vie avec un enfant de Dieu est une autre possibilité : « Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare; le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ces cas-là. Dieu nous a appelés à vivre en paix. » (1Cor. 7/15). Si le non-croyant veut partir, on ne doit pas lui refuser le divorce ; mais l’initiative ne doit jamais venir du chrétien qui ne doit pas rendre au non-croyant la vie impossible au point qu’il finisse par en avoir assez ! L’enfant de Dieu doit prier pour et rechercher le salut de son conjoint pas encore converti. A cet effet, il doit manifester l’amour de Christ, de la compréhension et de la grâce.

Éclaircissement sur les paroles de Jésus

Il serait bon, à ce niveau, d’expliquer le contexte de la parole de Jésus en Matthieu 19/9 : « Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère. » Jésus répondait à une question piège des pharisiens : « Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque ? » (Matthieu 19/3) Deux écoles rabbiniques s’affrontaient en effet sur cette question : celle du rabbi Shammaï, qui croyait que la seule autorisation de divorcer venait de l’infidélité de l’un des deux conjoints ; celle du rabbi Hillel qui voyait toutes sortes de raisons pour divorcer, y compris le fait de mal faire la cuisine. (Mishna, Traité sur le Divorce, Gittin 9/10). Ces divergences de vues venaient de l’interprétation d’un mot de la loi en Deutéronome 24/1 : « Lorsqu’un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne pas trouver grâce à ses yeux, parce qu’il a découvert en elle quelque chose de honteux, il écrira pour elle une lettre de divorce, et, après la lui avoir remise en main, il la renverra de sa maison. » L’école de Hillel interprétait l’expression hébraïque ervah (traduite dans notre Bible par quelque chose de honteux) comme tout ce qui déplaisait au mari, tout ce qui lui donnait honte de sa femme.

Le Seigneur Jésus ne se laisse pas enfermer dans ces disputes d’hommes et élève le débat en remontant aux origines : « Il répondit: N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit: C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. » (Matthieu 19/4-6). C’est ainsi que tout croyant doit agir et réfléchir : en revenant aux fondements de la foi, et non en cherchant à adapter la Parole de Dieu aux mœurs et aux courants du moment.

Jésus indiquait clairement que Dieu a institué le mariage pour qu’il ne soit pas dissout mais qu’il demeure une relation permanente toute la durée de la vie terrestre. Le mariage est la première institution divine mentionnée dans la Genèse, et il fait donc partie du fondement de la société. Nous constatons hélas aujourd’hui les conséquences des divorces facilités : enfants perturbés, solitude, perte des valeurs, immoralité, rébellion, etc. La famille devrait être le premier lieu de protection, d’amour, d’accomplissement et d’éducation de la société, bien avant l’école et l’État qui révèlent leur impuissance quand la famille est décomposée.

Cette réponse de Jésus surprend les pharisiens : « Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ? » (Matthieu 19/7) Encore une fois, Jésus répond avec la sagesse divine en montrant que Moïse n’a pas institué ni encouragé le divorce, mais que, confronté à la méchanceté et à l’infidélité des hommes envers leur femme qu’ils répudiaient sur une parole du jour au lendemain, il a légiféré en les obligeant à écrire une lettre circonstanciée et officielle qui empêchait de la reprendre pour femme par la suite. Le Code d’Hammourabi, qui était pratiqué par les peuples du Moyen-Orient au temps de Moïse, stipulait (paragraphe 141 du Code) qu’un homme pouvait répudier sa femme sur une simple parole : « Je la répudie ». Elle devait partir sans aucune compensation. Il est probable que de nombreux israélites suivaient cette coutume et que Moïse, sous l’inspiration de l’Éternel, ait voulu protéger les femmes de cette injustice en exigeant une lettre circonstanciée.

Jésus interprétait ervah comme signifiant « immoralité ». Ce mot hébreu signifie en effet « nudité, organes génitaux de la femme » et par extension « exposer sa nudité, être indécente ». Pour traduire ervah en grec, Matthieu n’utilise pas le mot mocheia qui veut dire adultère au sens strict mais le mot porneia en grec dont le sens est plus large que l’adultère et désigne l’immoralité sexuelle en général. Jésus permet donc le divorce en cas de rupture de la relation « une seule chair » par l’immoralité sexuelle (adultère, pornographie, prostitution, échangisme, sodomie, inceste, pédophilie, etc.). Il ne dit pas que le mariage est automatiquement rompu par cela – ce qui pourtant se pratiquait à son époque – parce qu’il peut toujours y avoir repentance et pardon, mais que cette situation autorise le conjoint à divorcer.

Pas de divorce pour incompatibilité

En parcourant la question du mariage et du divorce dans les Écritures, il ressort clairement que « le divorce pour incompatibilité » n’est pas autorisé par Dieu. Si quelqu’un ne supporte plus son conjoint, ne ressent plus d’amour et songe à le quitter, il ne le fera jamais dans la volonté de Dieu : « A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari (…) et que le mari ne répudie point sa femme. » (1 Corinthiens 7/10-11). N’oublions pas néanmoins le contexte de ce passage : certains nouveaux convertis, croyant que le fait d’avoir un conjoint incroyant rendait impure leur relation avec Dieu et la vie de leurs enfants, divorçaient pour ce motif. Paul interdit donc au croyant de dissoudre le mariage.

Mais que faire si le chrétien a déjà désobéi à cet ordre et a divorcé pour d’autres raisons que l’infidélité ? La réponse est au v.11 : « Si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari. » Aux yeux de Dieu, elle est toujours liée à son mari. Si aucun remariage n’a eu lieu de part et d’autre, le chrétien indûment divorcé peut se repentir et se réconcilier avec son conjoint. Si cela n’est plus possible, il doit rester célibataire, sous peine d’être adultère en épousant une autre personne. Mais si le conjoint meurt, la relation conjugale est dissoute et le remariage est possible.

De même, la Bible n’autorise pas le divorce pour stérilité ou impuissance sexuelle. S’il est vrai que la joie d’une famille et la volonté de Dieu est d’être fécond et de se multiplier, la stérilité ou l’impuissance sont des épreuves qu’on peut endurer ensemble.

Une question peut se poser encore : qu’en est-il de la violence dans le couple ? Une femme battue ou harcelée peut-elle quitter son mari ? Même si aucun verset ne permet de trancher, ni d’un côté ni d’un autre, le bon sens moral nous encourage à éloigner la femme et les enfants d’un homme dangereux pour leur santé mentale et physique. Si la situation de séparation perdure, un divorce sera prononcé. Tant que le mari est vivant et célibataire, la femme ne peut se remarier. Lorsqu’il n’y a pas violence, mais mauvais caractère, on doit penser à Abigaïl, femme de Nabal, qui, bien que malheureuse auprès de cet homme insensé et colérique, l’a protégé et l’a défendu (1Samuel chap.25).

Le pardon pour les divorcés

Le divorce n’est pas un péché irrémissible. Il est pardonné au moment de la conversion au même titre que tous les autres péchés : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères… Et c’est là ce que vous étiez, quelques-uns d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. » (1 Cor. 6/9, 11). Celui qui entre dans la famille de Dieu par la foi en Jésus-Christ est pardonné de toutes ses fautes, y compris le divorce et l’adultère. Cela dit, nous devons l’encourager à demander pardon à ceux qu’il a offensés. S’il se retrouve marié à un conjoint non-croyant, il entre dans le cas traité par Paul en 1Cor. 7/12-13 : « Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis: Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point; et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari. » Précisons que l’expression de Paul « ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis » ne veut pas dire que Paul n’écrit plus sous l’inspiration ou avec l’autorité divine. Il s’agit simplement d’un cas dont le Seigneur n’a pas parlé lorsqu’il était sur la terre. Le chrétien ne doit donc pas quitter son conjoint non-croyant lorsqu’il se convertit. Par contre, si le non-croyant décide de le quitter, il ne l’en empêchera pas.

En suivant les Écritures, nous ne tomberons pas dans des extrêmes : considérer le divorce soit avec légèreté, soit comme une tare indélébile. Le divorce est un péché qui peut être pardonné. Il a malheureusement des conséquences qu’on ne peut pas toujours réparer, ce qui reste un poids pour le racheté. Mais l’église doit accueillir le divorcé pardonné et l’instruire dans les voies de Dieu concernant le mariage.

Conditions pour le service du Seigneur

« Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement. (…) Les diacres doivent être maris d’une seule femme, et bien diriger leurs enfants et leur propre maison. » (1 Timothée 3/2, 12)

Les responsables d’église, pasteurs et diacres, doivent posséder des qualifications morales très élevées. L’une d’elles est d’être mari d’une seule femme. Que signifie cette expression ? Elle ne veut pas dire qu’il doive obligatoirement être marié, car le Seigneur Jésus encourage les célibataires dans l’oeuvre de Dieu (Matthieu 19/12). Il existe au moins trois interprétations de ce passage : 1°) la plus stricte : un évêque ou un diacre ne doit avoir eu qu’une seule femme dans sa vie. Même s’il est veuf, il ne doit pas s’être remarié ; 2°) un évêque ou un diacre ne doit être ni polygame ni divorcé ; 3°) la moins stricte : un évêque ou un diacre doit être fidèle à sa femme. Il peut avoir divorcé et s’être remarié, si sa fidélité n’est pas en cause.

Personnellement, j’opte pour la deuxième : un veuf qui s’est remarié et qui remplit toutes les conditions morales et spirituelles me parait qualifié pour la tâche d’évêque ou de diacre. Un ex-polygame ou un chrétien divorcé ne me paraît pas propre à exercer ces fonctions. Le cas d’un homme quitté par sa femme avant sa conversion et remarié reste à discuter. Si l’on considère que la conversion est un nouveau départ, cela peut être toléré. Je crois que ce qui est surtout demandé au serviteur de Dieu dans cette liste de critères, c’est une réputation sans tache et une stabilité morale inébranlable. On demande aux responsables d’église une moralité exemplaire, supérieure à la moyenne.

Cinquième principe

Les Autorités de l’Église doivent agir

« S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. » (Matthieu 18/17)

« Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous. » (1 Corinthiens 5/12-13)

« Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les débauchés et les adultères. » (Hébreux 13/4)

S’il y a, dans un couple chrétien, un péché qui met en danger l’unité de ce couple (infidélité, maltraitance, mensonges, etc.), les autorités de l’église locale peuvent être alertées par le conjoint lésé. Avant d’en arriver là, la personne lésée doit confronter son conjoint et chercher une solution auprès de Dieu, afin que le péché soit enlevé du foyer. Si rien n’y fait, elle peut faire appel à l’église. S’il est vrai qu’un couple a droit à son intimité, le comportement désordonné d’un chrétien ne doit pas non plus être toléré. Le présumé coupable doit être entendu et confronté aux récriminations de son conjoint. S’il s’avère qu’il est coupable et refuse de se repentir, l’église locale doit prendre la décision courageuse de discipliner le frère ou la sœur en question tout en priant pour sa repentance.

Un autre cas, plus délicat celui-là, peut se présenter à l’église locale. Un couple de chrétien assiste depuis peu aux réunions et désire être membre. Après s’être renseignées, les autorités de l’église découvrent que l’une des personnes a divorcé d’un premier mariage chrétien pour incompatibilité. Ce remariage n’est donc pas valide aux yeux de Dieu. Les autorités de l’église doivent en faire part au couple et souhaiter leur repentance. Le péché est commis, l’erreur est faite, tout ce qu’ils peuvent faire est de se repentir et demander pardon au conjoint délaissé. Mais il n’est pas question d’un autre divorce pour revenir vers le premier conjoint, le remariage ayant dissous les liens.

En ne transigeant pas avec le péché et en dénonçant les situations d’adultère, l’église locale donnera un signal fort aux plus jeunes qui verront que le mariage n’est pas un « Contrat à Durée Aléatoire » et que le divorce a des conséquences graves.

Sixième principe

Le remariage est permis dans certains cas

« Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, elle sera appelée adultère; mais si le mari meurt, elle est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre. » (Romains 7/2-3)

Le remariage est évidemment permis pour les veufs et les veuves, personne n’en disconviendra. Mais est-il permis pour ceux qui ont divorcé ?

Je crois qu’il est permis dans le cas d’un divorce légitime pour cause d’infidélité. Revoyons les paroles de Jésus : « Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère. » (Matthieu 19/9) L’interprétation simple et évidente de cette parole est qu’il n’est pas permis de répudier sa femme et d’en prendre une autre… sauf dans le cas d’une infidélité. L’infidélité autorise donc le divorce et le remariage. Cela est confirmé par la loi de Moïse : « Elle sortira de chez lui, s’en ira, et pourra devenir la femme d’un autre homme. » (Deutéronome 24/2)

Un autre cas, bien débattu, me parait autoriser le remariage : c’est celui du croyant abandonné par son conjoint non-croyant : « Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare; le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ces cas-là. Dieu nous a appelés à vivre en paix. (1 Corinthiens 7/15). Le verbe traduit par « lié » est très fort en grec puisqu’il signifie litt. « esclave, enchaîné ». Le croyant ne doit donc pas reste « enchaîné » au conjoint qui est parti. Néanmoins, si le non-croyant reste célibataire après son départ, le croyant devrait faire de même, à mon avis, au cas où la réconciliation serait possible. Ce genre de verset se prête à une interprétation stricte ou moins stricte. Certaines églises interdiront le remariage dans tous les cas. Mais pensons aux mots de l’apôtre Paul : « A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester comme moi. Mais s’ils manquent de maîtrise d’eux-mêmes qu’ils se marient; car il vaut mieux se marier que de brûler. » (1 Corinthiens 7/8-9).

Le remariage est par contre totalement prohibé en cas de divorce non autorisé par les Écritures. Jésus dit bien qu’épouser une autre femme pour une autre raison que l’infidélité, est un cas d’adultère.

Je crois enfin que le remariage du conjoint après un divorce rompt définitivement les liens du mariage et libère le conjoint abandonné. Pour reprendre le mauvais exemple d’Amy Grant, son mari me semble libre de se remarier parce que Amy a épousé un autre homme.

Conclusion

Je citerai encore une fois Warren Wiersbe dans son commentaire de Matthieu : « Les mariages heureux n’arrivent pas par accident. Ils sont le résultat de l’engagement, de l’amour, de la compréhension mutuelle, du sacrifice et d’un dur labeur. Si un mari et une femme accomplissent bien leurs vœux de mariage, ils vivront ensemble une relation croissante qui les satisfera.

Sauf par le biais d’une tentation soudaine, aucun mari ni aucune épouse ne pensera à tromper son conjoint avec une autre personne tant que les relations à la maison sont satisfaisantes. Et l’amour pur d’un mari ou d’une femme est une grande protection contre ce genre de tentation. »

Pasteur E.Bozzi